photo d'un gaucher en train d'écrire

Le temps où les gauchers étaient réprimés, contrariés, empêchés de suivre leur penchant naturel est enfin révolu. Etre gaucher n’est pas une anomalie, c’est un caractère biologique comme les autres. Parents et éducateurs ont maintenant compris qu’être gaucher n’implique aucun trouble psychologique. C’est plutôt le fait de contrarier cette propension génétique et neurologique qui est génératrice de problèmes.

Même si l’enfant n’aura pas de difficultés d’apprentissage parce qu’il est gaucher, il faut reconnaître que le monde est depuis toujours, malgré l’évolution, un monde organisé pour les droitiers. Alors, il devra mobiliser plus d’énergie non pas pour apprendre, mais pour s’adapter à ce monde de droitiers.

Les difficultés des gauchers

La vie quotidienne du gaucher peut être compliquée, notamment à l’école lors des exercices d’écriture, l’élève étant obligé d’écrire de gauche à droite. En effet, la direction de la trajectoire de notre écriture est problématique pour les gauchers qui doivent « pousser » leur crayon alors que les droitiers ont simplement à le « tirer » :

  • La main du gaucher recouvre ce qu’il inscrit. Il ne voit que le blanc du papier, il ne sait pas où il va. La relecture rapide est plus difficile.
  • Selon le crayon utilisé, la page peut se transformer en un tableau surréaliste fait de tâches diverses.
  • Le déroulement des tracés peut être plus lent, difficile et engendrer un mauvais sens de rotation des lettres.
  • Des douleurs peuvent être ressenties dans les doigts jusqu’à l’épaule, surtout s’il y a torsion du poignet (dans une position dite « en col de cygne ») et une large ouverture du bras.

Quelques conseils…

Il n’y a pas de fatalité, ni plus de risques de dysgraphie chez les gauchers que chez les droitiers !

Un enfant gaucher peut apprendre à écrire sans plus de difficultés qu’un autre s’il reçoit les bonnes instructions.

Il suffit d’être présent et averti pour l’accompagner dès le début de l’apprentissage de l’écriture et ainsi l’aider à ne pas prendre de mauvaises habitudes.

Voici quelques astuces :

  • Placer un gaucher à gauche d’une table et à la gauche d’un droitier pour ne pas se gêner mutuellement avec leurs bras actifs.

    Position gauchers

  • Décaler la feuille légèrement vers la gauche pour dégager le bras.
  • Incliner la feuille vers la droite, l’avant-bras dans l’axe de la feuille pour favoriser la position de la main sous la ligne d’écriture.
  • Veiller à l’alignement main/poignet/avant-bras. 

               

  • Adopter une posture adéquate et une bonne tenue du crayon, sans crispation.
  • Utiliser des outils adaptés : un crayon ergonomique avec une mine qui glisse facilement sur la feuille (éviter les stylos billes), des ciseaux à lames inversées, taille-crayons, cahiers pour gauchers, …).

Ne surtout rien imposer ni forcer ! Si les difficultés persistent, le graphopédagogue est la personne compétente qui pourra guider l’enfant dans l’apprentissage ou la restauration du bon geste, avec efficacité et plaisir. En quelques séances, il accompagnera l’enfant vers la sérénité.

Pour mieux comprendre…

La latéralité 

Elle concerne la main directrice mais aussi le pied, l’œil voire l’oreille. Elle peut être homogène (gaucher intégral) ou pas (gaucher partiel) : l’enfant peut colorier avec sa main droite et taper dans le ballon avec son pied gauche (c’est une latéralité croisée).

La latéralité est un processus qui se met en place de façon progressive et à un rythme différent selon chacun. Cette étape du développement de l’enfant correspond à la maturité des systèmes sensoriels et moteurs. Elle définira alors clairement le positionnement de cette compétence dans l’hémisphère droit ou gauche du cerveau. La latéralisation définitive arrive, en général, vers 6/7 ans.

Cependant certains enfants, pour des causes environnementales (sociales, culturelles et psychologiques), peuvent avoir des difficultés à trouver leur juste latéralité ou encore, la contrarier. Une mauvaise latéralisation peut provoquer des désordres dans l’organisation temporo-spatiale et avoir des répercussions sur la scolarité, notamment dans l’apprentissage de l’écriture.

Le processus de latéralisation joue donc un rôle essentiel dans le développement de l’enfant. Elle conditionne son habileté manuelle et motrice qui le conduira vers l’autonomie.

La main dominante

Dans sa petite enfance, le bébé n’a pas de main dominante. Il saisit sa cuillère tantôt à droite, tantôt à gauche. Peu à peu s’établit une préférence manuelle. Il utilise toujours la même main pour un type d’activité.

Le choix de la main dominante est défini lorsque l’enfant effectue toutes les tâches de précision avec la même main (tâches graphiques, se brosser les dents, lancer une balle, …) vers 4/5 ans. La dominance manuelle permet à chaque main de spécialiser ses fonctions. Une coordination harmonieuse des deux mains peut alors s’établir.

La dominance manuelle est un atout certain pour l’enfant lors de son entrée dans les activités scolaires. L’utilisation fréquente du crayon, des ciseaux, de la colle (,..) représente un prérequis fondamental.

Le graphopédagogue peut vous aider !

Laissez, bien sûr, l’enfant choisir sa main scriptrice, observer son comportement dans les activités scolaires et dans des activités plus ludiques (activités sportives et artistique, jeux de manipulations).

Comment ?

Si le doute persiste et que l’enfant gaucher est en difficulté d’écriture, le graphopédagogue peut vous aider à déterminer sa dominance motrice en procédant à un test de latéralité. Il a pour objectif d’étudier les rapports entre latéralité manuelle et activité graphique.

S’il révèle une mauvaise latéralisation, la rééducatrice en écriture aidera l’enfant à repérer sa dominance latérale, à utiliser au mieux sa main dominante et à adopter la meilleure posture pour écrire.


Même si les expressions populaires « être gauche », « se lever du pied gauche » sont couramment utilisées car elles font partie de notre patrimoine oral, les gauchers ne sont ni maladroits, ni grognons et nous pouvons nous réjouir que ces croyances aient enfin « passé l’arme à gauche ».


Pour aller plus loin…

Quelques sites :

https://www.laurencepernoud.com/enfant-1-3-ans/psychologie-petit-enfant/mon-enfant-est-gaucher-comment-laider-a-sadapter.html

Vidéo très intéressante :

Site de référence:

http://www.lesgauchers.com/

Droitier ou gaucher : de l’importance de la latéralité chez l’enfant : ttps://www.lexpress.fr/styles/enfant/droitier-ou-gaucher-de-l-importance-de-la-lateralite-chez-l-enfant_1790911.html 

https://www.em-consulte.com/article/10734/troubles-psychomoteurs-chez-l-enfant Jean-Michel Albaret (psychomotricien) Janvier 1993

Quelques ouvrages :

« Je suis gaucher…. Et alors ! »  de Michel Piquemal (auteur) et Jacques Azam (illustrateur) aux éditions De La Martinières jeunesse

« Troubles de l’écriture chez l’enfant » de J-M Albaret, M-L Kaiser, R Soppelsa, 2013, Editions De Boeck

« Les gauchers » d’Ajuriaguerra aux éditions PUF, 1963

« Enfants gauchers, enfants droitiers » de Marguerite Auzias, 1975, Editions Delachaux et Nieslé

« La latéralité chez l’enfant et l’adolescent » de Georges Lerbet, 1969, Editions Universitaire, Paris

« Latéralisation et latéralité chez l’enfant » de Robert Dailly et Michel Moscato, 1985, Editions Mardaga

« Gaucher ? ou droitier ? : les secrets d’une bonne latéralité » de D. Feldman. et J-P Pes, 2007, Editions Jouvence.

Où trouver du matériel pour gauchers ?

Il existe de nombreuses boutiques en lignes, en voici deux :